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POURQUOI LES JEUNES SONT-ILS PARTICULIEREMENT A RISQUE FACE AUX ADDICTIONS ?

POURQUOI LES JEUNES SONT-ILS PARTICULIEREMENT A RISQUE FACE AUX ADDICTIONS ?

    Les conduites à risque font partie intégrante de l’adolescence. Parmi elles, la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues est très fréquente chez les jeunes. Elle est source d’addictions, la dépendance étant d’autant plus forte quand la consommation commence tôt et finit par se banaliser. 

    Addictions chez les jeunes : des chiffres inquiétants

    Que ce soit pour les drogues licites ou illicites, les réalités n’ont rien de rassurant. D’après une enquête réalisée en 2018 par le Fonds Actions Addictions, la Fondation Gabriel Péri et la Fondation pour l’Innovation, la consommation de tabac et d’alcool chez les jeunes est importante, d’autant plus qu’elle augmente avec l’âge. Concernant le tabac, la consommation est liée au revenu des familles. En effet, les adolescents issus de milieux défavorisés ont tendance à fumer plus. Pour ce qui est de l’alcool, plus ils sont diplômés, plus leur consommation hebdomadaire augmente. Du côté du cannabis, la consommation est d’un minimum une fois par mois chez 9 % des jeunes (25 % dans la région parisienne). Les adolescents n’étant pas non plus épargnés par les drogues dures telles que l’ecstasy, la MDMA ou la cocaïne, 3 % des 14-17 ans en ont déjà consommé contre 5 % chez les 18-24 ans (dont 3 % en consomment de manière hebdomadaire). Qui plus est, la consommation des jeunes de 14 à 24 ans, qu’il s’agisse de produits licites ou illicites, est nettement sous-estimée par leurs parents.

    Les addictions sans produits

    C’est bien connu, les jeunes, plus particulièrement les adolescents, utilisent régulièrement internet, les réseaux sociaux et jouent aux jeux vidéo. En effet, 26 % des jeunes âgés de 18 à 22 ans consacreraient plus de 5 h chaque jour aux réseaux sociaux. 10 % d’entre eux y passeraient plus de 8 h. Pour ce qui est des jeux vidéo, 16 % y consacrent plus de 5 h tous les jours et 7 %, plus de 8h. Les jeunes sont également particulièrement exposés à la consommation de pornographie et aux jeux d’argent. L’utilisation des écrans (ordinateur, tablette, Smartphone, consoles…) est devenue aujourd’hui indissociable des jeunes générations. Qui plus est, en 2015, l’addiction aux jeux vidéo concernait 7 % des Consultations jeunes consommateurs tandis qu’en 2007, ce phénomène était quasiment inexistant.

    Le fonctionnement cérébral rend les jeunes plus vulnérables face aux addictions

    Il faut savoir que le cerveau des adolescents est dans un état unique de restructuration et de transition. C’est pourquoi l’effet neurotoxique des différents produits est particulièrement dangereux pour les jeunes et les met notamment à risque pour le développement de maladies mentales. La zone du cerveau responsable des prises de décision, du jugement et de la résolution de problèmes (le cortex préfrontal) se développe encore à l’adolescence et ce jusqu’à 25 ans. Elle présente ainsi une sensibilité accrue aux effets des substances influençant la chimie du cerveau. Durant l’adolescence, la substance blanche (tissu du système nerveux central) augmente en volume. C’est une période qui est principalement destinée aux structures du cerveau qui jouent un rôle majeur dans le développement de compétences psychosociales. Un cerveau exposé aux substances illicites dès l’adolescente peut subir de graves modifications dans son architecture, incluant la qualité et le volume de la matière grise, de la substance blanche et le débit sanguin cérébral. Les addictions ont également un réel impact sur le comportement (mélanges de produits ou conduite automobile dangereuse par exemple), elles sont source de mise en danger immédiate ou sur le long terme.

    Contextes et facteurs de risque

    Il faut savoir que les circonstances d’usage jouent un rôle majeur dans les causes et les conséquences des consommations. En effet, une consommation récréative et occasionnelle n’a rien à voir avec une consommation plus fréquente qui peut être révélatrice de fragilités ou de situations délicates, que ce soit sur le plan économique, social ou psychique. Les jeunes issus de milieux défavorisés ont tendance à moins expérimenter que ceux issus de milieux moins modestes. Cependant, les consommations régulières ou présentant un réel risque sont plus fréquentes chez les jeunes qui se trouvent dans des conditions socio-économiques peu favorables. On peut expliquer cela par le fait que les jeunes vivant dans des milieux favorisés perçoivent leurs consommations comme étant ponctuelles et destinées au plaisir, cessant par la suite naturellement lors du commencement de la vie adulte.

    La consommation de substances psychoactives est aussi étroitement liée à la situation scolaire. En effet, les jeunes suivant une filière professionnelle ont tendance à avoir des niveaux de consommation plus élevés que ceux inscrits en filière générale. Les adolescents ne faisant plus partie du système scolaire ont une consommation d’autant plus importante. Ce parcours d’errance est gravement influencé par des éléments liés à la situation économique et sociale.

    Quelles sont les principales motivations de consommation ?

    Selon la situation et les caractéristiques d’une personne (comme le milieu social, l’âge ou le sexe), la consommation de produits peut avoir plusieurs objectifs. Il peut s’agir d’une consommation simplement pour s’amuser, pour passer un bon moment avec ses amis, gérer son stress ou son anxiété, calmer une douleur ou s’endormir plus facilement. L’automédication est particulièrement dangereuse.  D’autre part, l’entourage joue un rôle majeur dans les consommations. En effet, les incitations sociales influencent grandement la prise de décision quant aux substances, le tout en sachant que les adolescents sont dans une période influençable de leur vie. Le modèle parental a également un impact non négligeable quant à la consommation de tabac et d’alcool chez les jeunes. En effet, l’influence familiale vient au premier plan dans l’enfance, toutefois, elle finit par s’estomper au fil du temps au profit de celle de l’entourage en dehors du foyer (camarades de classe par exemple).

    L’accès aux produits : un réel problème

    L’accès à l’alcool et aux cigarettes n’a rien de difficile pour les mineurs. En effet, d’après l’enquête mentionnée plus haut, 80 % d’entre eux ne rencontrent pas de refus pour l’achat de tabac, il en est de même concernant l’alcool pour 65 % d’entre eux. Les jeux d’argent et les contenus pornographiques sont tout aussi faciles d’accès. Du côté des drogues illicites, pour 69 % des jeunes et 60 % des mineurs, il est facile d’obtenir du cannabis. Pour ce qui est de la cocaïne, de la MDMA, de l’ecstasy ou du GHB, 46 % des jeunes et 34 % des mineurs n’ont aucun mal à s’en procurer. Il est inquiétant de voir cette aisance d’accès aux drogues illicites et aux substances interdites pour les mineurs car elle ne fait que renforcer leur vulnérabilité face à celles-ci.

    Sources

    Conduites addictives et adolescence

    Jeunes et addictions, éléments de synthèse

    Les addictions chez les jeunes (14-24 ans)

     

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